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Ravalement des façades anciennes : techniques et bonnes pratiques

Comprendre les maçonneries anciennes
Le ravalement des façades anciennes est une opération essentielle pour la préservation du patrimoine bâti. Qu'il s'agisse de façades en moellons, en pierre de taille ou en torchis, ces travaux demandent une expertise spécifique pour respecter les matériaux d'origine tout en assurant la durabilité de la restauration. Cet article vise à fournir un guide technique sur les méthodes et les précautions à prendre lors du ravalement des maçonneries anciennes.

Comprendre les maçonneries anciennes

Le bâti ancien est composé de techniques et de matériaux divers, qui nécessitent de nombreuses précautions.
Un professionnel qui cherche à réparer ou réhabiliter un bâtiment ancien doit donc clairement identifier la nature des maçonneries, et appliquer des techniques adaptées. Ce guide vous présente les principaux matériaux utilisés dans le bâti ancien, et la marche à suivre pour le ravalement d’une façade ancienne.
Ce guide de ravalement a été réalisé avec la participation de DSD Rénov, entreprise de ravalement de façade en Île-de-France.
Commençons par évoquer les principales solutions constructives retrouvées dans le bâti ancien :

Les façades en moellons

Les façades en moellons sont constituées de pierres non taillées ou peu taillées, généralement assemblées à l’aide de joints à la chaux.
Elles présentent souvent une irrégularité qui fait leur charme. Le principal défi lors du ravalement de ce type de façade est de conserver cette texture tout en réparant les dégradations.
On fera également attention à différencier les façades en pierres apparentes des maçonneries conçues pour être couvertes à la chaux. Il est vivement déconseillé de retirer l’enduit sur un mur en pierre qui n’a pas été conçu pour être laissé apparent.

Les façades en pierre de taille

Les pierres de taille, contrairement aux moellons, sont des blocs de pierre taillés de manière régulière.
Utilisées pour les constructions prestigieuses, ces pierres requièrent une attention particulière pour ne pas altérer leur finesse lors des travaux de ravalement.
La pierre de taille est souvent présente en revêtement extérieur. Ici, elle est toujours conçue pour être laissée apparente. Les contraintes techniques d’un tel projet peuvent être liées aux différentes maladies de la pierre, qui peuvent toucher durablement un mur mal entretenu.

Les façades en brique

Les façades en brique, courantes dans de nombreuses régions, offrent une esthétique distinctive et une solidité remarquable. Les briques, en raison de leur porosité et de leur capacité à accumuler de la chaleur, nécessitent des traitements spécifiques lors du ravalement.
Les briques sont fabriquées à partir d'argile cuite, ce qui leur confère une grande résistance mécanique et une bonne inertie thermique. Cependant, elles sont sensibles aux cycles de gel-dégel et à l'humidité, ce qui peut provoquer des éclatements ou des efflorescences (dépôts de sels).

Les façades en torchis

Le torchis est un mélange de terre, de fibres végétales (comme la paille), et parfois de chaux, utilisé pour garnir les structures en bois ou en pierre.
Sa fragilité et sa sensibilité à l'humidité rendent son ravalement délicat, nécessitant une approche douce et respectueuse du matériau.
Ici, il est évident que du torchis ou des maçonneries en terre crue doivent absolument être protégés de l’humidité. Il convient alors non seulement de rénover ou remplacer leur revêtement, à l’aide d’un enduit à la chaux, mais aussi de s’assurer du bon état des zingueries et de la toiture.

Le diagnostic préalable : essentiel au ravalement d’une façade ancienne

Quel que soit le système constructif présent sur le bâti ancien à ravaler, il est essentiel de réaliser un diagnostic préalable, avant toute action de ravalement.

Identification des pathologies

Avant toute intervention, un diagnostic précis de la façade est indispensable.
Il permet d’identifier les pathologies présentes :
  • Fissures,
  • Désagrégation des matériaux,
  • Humidité, etc.
Ce diagnostic doit être réalisé par un professionnel qualifié, capable de proposer les solutions adaptées à chaque type de dégradation.
Dans certains cas, le diagnostic est également nécessaire pour identifier clairement le système constructif présent, et adapter les actions menées sur la façade en conséquence.

Évaluation de l'état structurel

Outre les pathologies de surface, il est essentiel d’évaluer l’état structurel du bâtiment à ravaler. Une pierre de taille fissurée ou des moellons désolidarisés peuvent indiquer des problèmes structurels plus profonds, nécessitant des interventions lourdes avant le ravalement.
On notera que les professionnels peuvent avoir des difficultés à diagnostiquer une structure sans une étude plus approfondie, voire sans un piochage de façade.
Un piochage des revêtements est parfois la seule manière d’identifier précisément le type et l’état des maçonneries, par exemple en mettant à jour des fissures structurelles ou des dégâts présentés dans les colombages.

La préparation de la façade à un ravalement

Une fois le diagnostic réalisé, les travaux sur maçonnerie ancienne vont exiger une bonne préparation du support.

Nettoyage et décapage des maçonneries anciennes

Le nettoyage de la façade est une étape clé. Selon le matériau, différentes techniques peuvent être employées :
  • Nettoyage à la vapeur,

  • Micro-sablage,

  • Aerogommage,

  • Hydrogommage,

  • Application de produits spécifiques (traitement antifongique) pour éliminer les salissures sans endommager la surface.

Il est crucial d’éviter les méthodes trop agressives qui pourraient altérer les matériaux anciens.

Réparation et consolidation

Si le diagnostic ou la préparation ont révélé des désordres en façade, les fissures et les zones dégradées doivent être réparées avant l’application des enduits.
Pour les façades en moellons ou en pierre de taille, un mortier de réparation à base de chaux est souvent utilisé pour conserver la perméabilité et l’esthétique d’origine.
Le torchis, quant à lui, nécessite une formulation spécifique respectant la composition initiale du mélange.
Sur des bâtiments historiques ou sur des maçonneries fortement dégradées, il est parfois nécessaire de faire intervenir un bureau d’études techniques en préalable, pour éviter toute action qui risquerait d’endommager la structure du bâti.

Le ravalement d’une façade ancienne

Une fois les murs préparés et sains, il reste bien évidemment à réaliser un ravalement extérieur complet.

Choix des enduits

L’enduit joue un rôle à la fois protecteur et esthétique. Pour les façades anciennes, l’utilisation de la chaux est privilégiée en raison de ses propriétés respirantes et de sa compatibilité avec les matériaux anciens.
Il existe différents types d’enduits à la chaux (par exemple l’enduit chaux plâtre) et ces derniers peuvent se décliner en de nombreux coloris et finitions (qui varient selon la région)
L’enduit doit être appliqué en plusieurs couches, en respectant les temps de séchage pour éviter les fissurations.

Techniques de rénovation des façades anciennes

L’application de l’enduit demande un savoir-faire particulier.
Que ce soit à la taloche pour un aspect lisse ou à la truelle pour conserver une texture rustique, chaque geste doit être précis pour garantir une finition de qualité.
Pour les façades en torchis, l’application doit être particulièrement douce pour ne pas surcharger la structure.
Dans tous les cas, le revêtement appliqué doit être conforme avec les règles d’urbanisme locales. Il n’est pas rare qu’un ravalement soit concerné par une déclaration préalable.

Finitions et protections d’une façade ancienne

La finition peut inclure une coloration à base de pigments naturels ou un badigeon de chaux pour un aspect authentique.
Une protection supplémentaire, comme un hydrofuge à base de chaux, peut être appliquée pour améliorer la résistance à l’eau tout en maintenant la perméabilité à la vapeur d’eau.
Une fois de plus, l’utilisation de tout produit doit être approuvée en amont, suite au diagnostic préalable des maçonneries.

Ravalement dans l’ancien : contraintes réglementaires et environnementales

Enfin, on notera que le ravalement d’une façade ancienne peut être encadré par certaines contraintes d’urbanisme.

Respect des normes en vigueur

Le ravalement des façades anciennes est souvent soumis à des réglementations spécifiques, notamment lorsqu’il s’agit de bâtiments classés ou situés dans des zones protégées.
Il est impératif de consulter les autorités locales et de respecter les prescriptions architecturales.
Dans le cas d’un bâtiment classé ou en zone classée, le programme de travaux devra être accepté par l’architecte des Bâtiments de France, et le chantier sera soumis à un permis de construire.

Impact environnemental

L’utilisation de matériaux écologiques et de techniques respectueuses de l’environnement est aujourd’hui une exigence dans le BTP.
Le choix d’enduits à base de chaux naturelle et de pigments écologiques contribue à réduire l’empreinte environnementale des travaux de ravalement.
Dans certains cas, on conseillera même la pose d’un enduit isolant extérieur à la chaux, qui est l’une des rares manières d’isoler un bâtiment ancien par l’extérieur, sans modifier son apparence.
Le ravalement des façades anciennes est un processus délicat qui nécessite une connaissance approfondie des matériaux traditionnels et des techniques adaptées. En respectant les bonnes pratiques décrites ci-dessus, les professionnels du BTP peuvent contribuer à la préservation du patrimoine architectural tout en répondant aux exigences contemporaines de durabilité et de performance.
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